… et le vent devient Musique !
Harmoniser un orgue à tuyaux, étape finale dans sa réalisation, c’est lui donner une cohérence sonore dans le lieu où il est installé.
L’harmoniste va « donner vie » à l’instrument en façonnant chaque tuyau afin qu’il chante soit comme soliste soit en s’intégrant dans des ensembles (Fonds, Pleins Jeux, Grand Chœur d’anches, Cornets, Tutti, etc.).
Cette tâche fastidieuse, mais ô combien nécessaire, fut réalisée par Thomas Deserranno et Jean-Sébastien Thomas (Manufacture Orgues De Facto).
Concrètement, de quoi s’agit-il ?Les tuyaux sont fabriqués en atelier à partir d’une feuille d’alliage d’étain et de plomb roulée en cylindre ou en cône (le corps et le pied), assemblés au niveau du biseau par une soudure. La bouche est ensuite découpée pour que le tuyau puisse émettre son premier son. Quand les tuyaux d’un jeu sont ainsi fabriqués, ils sont pré-harmonisés à l’atelier, sur un mannequin (un orgue rudimentaire qui permet de poser les tuyaux sur un sommier et de leur envoyer du vent). On peut alors agir sur l’ouverture du pied, de la bouche, la hauteur du biseau… pour égaliser le son et donner aux tuyaux la voix qui leur convient (par exemple, un principal doit avoir plus d’harmoniques qu’une flûte).
Les tuyaux étant fabriqués avec une marge de sécurité, ils sont un peu trop longs et sonnent donc trop grave. Quand tous ces tuyaux se retrouvent dans l’orgue, à leur emplacement définitif, le travail de l’harmoniste consiste alors non seulement à reprendre et à parfaire ce qui a été réalisé à l’atelier, mais aussi à raccourcir chaque tuyau pour « le couper au ton » et ainsi permettre de l’accorder.
Après la mise à longueur des tuyaux, l’accord est réalisé avec précision à l’aide d’outils coniques permettant d’évaser ou au contraire de fermer le haut du tuyau (pour monter ou abaisser le ton). Cette action est effectué rang par rang, note par note, et il faut reprendre deux fois la procédure pour stabiliser l’accord.
Et enfin, quand un jeu complet est accordé et chante juste, il y a l’immense joie de le découvrir en soliste ou en mélange dans l’acoustique avantageuse de l’église.